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La Nonne et le Brigand – Frédérique Deghelt

« On s’égare dans un train, on s’étreint dans une gare. »

Lysange depuis qu’elle a rencontré Pierre est rongée par l’amour qu’elle ressent pour lui. Des sentiments qu’elle n’a jamais éprouvé jusque là la submergent et la rendent folle. Invitée par un étrange inconnu à venir se ressourcer dans une cabane au Cap Ferret elle saute sur l’occasion. Sur place elle découvre le journal oublié d’une jeune religieuse, Sœur Madeleine…

La Nonne et le Brigand aura été ma première incursion dans l’univers de Frédérique Deghelt, et je dois avouer que de prime abord ça n’aura pas été chose aisée puisqu’il m’aura fallu près de deux cents pages pour parvenir à entrer dans le roman et à m’y intéresser.

Cependant une fois prise dans l’intrigue je n’ai plus su quitter le roman jusqu’à ce qu’il m’en tombe des mains à la dernière page. En deux mots, un début laborieux, une fin bouleversante. Un entre-deux sur lequel je peine encore à me positionner. Je m’explique…

Dès les premières lignes du roman, Frédérique Deghelt nous donne accès à toutes les pensées les plus intimes de son personnage principal, Lysange, un peu à la manière d’un journal intime. C’est cette partie du récit qui m’a posé le plus de problèmes au départ. Lysange se livre dans un monologue très personnel, et si ses propos sur la vie, l’amour et le désir sont bouleversants et remplis de choses qui me touchent d’une manière très particulière aujourd’hui, le style dans lequel elle exprime ses doutes et ses passions m’a très vite fatiguée. Un peu pompeuse on n’a l’impression que la narratrice (ou serait-ce l’auteur?) se regarde écrire, et c’est une supplice.

Et pourtant, ses mots me parlent et parfois au détour d’un paragraphe abscons, une phrase me fait chavirer et décrit à la perfection tous les sentiments que je ressens et toutes les questions que je me pose. Je ne note plus le nombre de citations que j’ai pu inscrire dans mon petit carnet et que j’aimerais ressortir à l’occasion, au détour d’une conversation.

Mais malgré la beauté de certains propos, il n’en reste pas moins vrai que le style n’a cessé de m’ennuyer, au sens propre du terme, pendant près de deux cents pages. Et puis la découverte du journal de Sœur Madeleine a tout changé… En proie à un désir amoureux que l’on voit naître avant même que la jeune nonne ne s’en rende compte, elle est soumise aux mêmes questionnements que Lysange, un demi siècle plus tard. Et sa plume, plus naïve, plus simple et plus directe se fait le juste contrepoids de celle de Lysange. Dès lors tout a pris un sens et je me suis mise à aimer ma lecture.

J’ai été portée par le récit de chacune des deux narratrices, j’ai aimé les résonances entre leur deux histoires, le lien secret qui les unit, la façon dont il sera dévoilé et le fait que chaque détail donné mènera vers ces magnifiques dernières pages. Frédérique Deghelt parvient à mettre les mots juste sur ce qu’est l’amour passionné et le manque qu’il engendre, sur le désir de l’autre sans limite aucune et l’aliénation qu’il peut provoquer…

Et au final même si je garde un souvenir pénible de la première partie du roman, j’en ressors conquise et ne regrette absolument pas d’avoir pris le temps de l’achever. C’est une belle découverte, une invitation au voyage et à l’amour aussi fou puisse-t-il être parfois.

5 réflexions sur “La Nonne et le Brigand – Frédérique Deghelt

    • J’ai dans ma pile à lire La vie d’une autre, que je suis très curieuse de découvrir. Et je pense me procurer Ma nuit d’amour que j’ai très envie de lire depuis que j’ai vu ta critique 😉

  1. J’avais découvert cet auteur avec « La vie d’une autre » original mais pas très marquant à mes yeux. En revanche j’ai adoré « La grand-mère de Jade » et j’ai exactement le même ressenti que toi sur « La nonne et le brigand »… Moi aussi j’en ai recopié des passages même si paradoxalement le style m’énervait un peu.

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